correspondance pour Kinshasa (création 2020)
Lecture-performance musicale, picturale et dansée – avec le soutien du Département de l’Isère dans le cadre de l’opération « Paysage Paysage(s) », de la Région Bretagne et du Fonpeps ; en partenariat avec Rebelles en Vue, les Evolutionnaires, Les Ateliers Jean Moulin, le collectif La Rocaille, les mairies d’Ornacieux-Balbins et de Saint-Paul d’Izeaux, CC Vals du Dauphiné, CC Pays voironnais, Le Plan B de Beaurepaire). Prochaines représentations annulées, report en 2021 sous réserve des évolutions de la situation sanitaire.
Deux femmes – deux amies – deux sensibilités. L’une est en République démocratique du Congo le temps d’une mission humanitaire, l’autre vit en Dauphiné dans la plaine du Liers. Elles décident de s’écrire chaque jour mais d’attendre les retrouvailles pour échanger leur correspondance. Dans cette attente elles livrent des bribes de leurs observations – la lumière, les plantes, les animaux, les hommes – et de leur quotidien de femmes – les tâches, les défis de la vie affective – entre action, réflexion et contemplation.
Un dialogue s’ouvre avec les arts plastiques, la musique et la danse, pour susciter d’autres résonances, déconfiner l’imaginaire.
Texte et mise en espace > JaNa (Anna Bonnin et Jeanne Guillon)
Arts visuels > Marie-Claire Cano et Stella Soubeyran / Catherine Cottet / Sandrine Cerdan / Brigitte Long / Sophie Valera-Garcia/ Dominique Schaetzel
Danse > Lydie Vadrot / Geneviève Baudot / Sarah Goliard / Stéphanie Gillet
Musique > Olivier Masson / Clément Abraham / Jean-Noël Pion / Bertrand Binet
Le duo JaNa formé par Jeanne Guillon et Anna Bonnin explore les ponts entre les arts de l’écriture, les arts visuels et les arts de la scène : leur histoire devient la matière première d’une autre histoire en entrant en correspondance avec des femmes qui travaillent la matière, qui par la peinture, qui par le dessin, la gravure, la sculpture, la photographie. Exposition, installation, création in situ, performance… selon le lieu, selon l’art et selon le désir, chaque plasticienne choisira la forme de son intervention. Nouvelles propositions, nouvelles résonances : une autre femme entre dans la danse, puis un musicien. Le spectacle qui naît est un objet ouvert, expérimental, évolutif. Chaque lieu de représentation devient le lieu d’une rencontre singulière, exceptionnelle : pour le public, participant d’une expérimentation qui se poursuit de ville en ville et de village en village et pour les artistes, qui se rencontrent dans le travail, traduisent la poésie du quotidien, d’un langage artistique à un autre, à la recherche d’un langage commun.
Pascal avait ses Provinciales, Corto Maltese ses Celtiques, Helvétiques, Ethiopiques… Intercontinentales est le nom de notre correspondance parce que quand nous nous sommes écrit, Anna était au Congo-Kinshasa, Jeanne en France. Intercontinentales marque non pas un point de départ ni un point d’arrivée mais les deux à la fois. D’un continent à l’autre :
la vie professionnelle, la vie affective, la vie intérieure, la vie quotidienne
le continent femme et le continent homme
le continent je et le continent autre
les continents musique, danse, peinture, gravure, sculpture, photographie, mots
personne n’est une île mais l’oeuvre d’une vie n’est-elle pas un continent ?
et la peine et la joie, les paroles et le silence, la distance et la présence
et puis l’amitié
Extraits :
Vendredi 12 avril 2019
Sur le chemin au flanc de la colline, quatre, puis six, puis dix paires d’yeux me regardent.
Un troupeau de regards.
Huit heures et demie du matin en avril
La douceur des couleurs
Tu me regardes en bouffant des ronces
Et moi je rumine mes brins de ciboulette
Mardi 23 avril 2019
Il y a un homme que je croise tous les jours quand je vais au travail. Il dort à même le sable du trottoir. Il porte un sweat rouge à capuche. Il est assis ou allongé sans interpeller les gens. A côté, sur le trottoir aussi, il y a des mamans qui vendent du pain, des fruits et légumes, de quoi faire des sandwichs. Un matin, je suis allée voir l’une d’elles, j’ai acheté un sandwich et je lui ai dit que c’était pour l’homme qui dormait. Je ne sais pas si elle l’a vraiment fait. Ça a duré quelques jours. Un matin, elle m’a dit qu’il fallait attendre parce que l’homme refusait qu’on l’approche et qu’il pensait qu’on voulait l’empoisonner avec cette nourriture. Il craignait qu’on lui jette un maléfice.