L’Arbre est une compagnie de théâtre professionnelle, fondée en 2006 par Jeanne Guillon et Aurélien Delsaux, directeurs artistiques.
L’Arbre met en scène sous des formes toujours originales des textes du répertoire (le Cid de Corneille avec dix totems et une vielle à roue électroacoustique, les Justes de Camus avec un carton et six chaises en paille…) et des textes d’Aurélien Delsaux.
Enraciné en Isère, l’Arbre poursuit aussi un travail de compagnonnage avec le public, d’une part avec le rendez-vous régulier de ses Conférences complètement contemporaines – cabaret poétique et loufoque, qui mêle farce, émotion et éducation populaire ; d’autre part avec des spectacles « sur-mesure » (les Belles échappées, Vis-à-vis…) pour aller à la rencontre de tous les publics (dans la rue, à l’école, à l’hôpital, en maison de retraite, etc.).
Pourquoi je fais du théâtre ?
Pour moi, en tout cas, le théâtre m’offre la communauté dont j’ai besoin, les servitudes matérielles et les limitations dont tout homme et tout esprit ont besoin. Dans la solitude, l’artiste règne, mais sur le vide. Au théâtre, il ne peut régner. Ce qu’il veut faire dépend des autres. Le metteur en scène a besoin de l’acteur qui a besoin de lui. Cette dépendance mutuelle, quand elle est reconnue dans l’humilité et la bonne humeur qui conviennent, fonde la solidarité du métier et donne un corps à la camaraderie de tous les jours. Ici, nous sommes tous liés les uns aux autres sans que chacun cesse d’être libre, ou à peu près : n’est-ce pas une bonne formule pour la future société ?
Albert Camus
Vers un théâtre pauvre
Le théâtre doit reconnaître ses propres limites. S’il ne peut pas être plus riche que le cinéma, qu’il soit pauvre. S’il ne peut être aussi prodigue que la télévision, qu’il soit ascétique. S’il ne peut être une attraction technique, qu’il renonce à toute technique. Il nous reste un acteur « saint » dans un théâtre pauvre. (…) Il n’y a qu’un seul élément que le cinéma et la T.V. ne peuvent voler au théâtre : c’est la proximité de l’organisme vivant. (…) Il est donc nécessaire d’abolir la distance entre l’acteur et le public, en éliminant la scène, en détruisant toutes les frontières. Que les scènes les plus drastiques se produisent face à face avec le spectateur afin qu’il soit à la portée de la main de l’acteur, qu’il sente sa respiration et sa sueur. Cela implique la nécessité d’un théâtre de chambre.
Jerzy Grotowski
Le théâtre et son double
Au point d’usure où notre sensibilité est parvenue, il est certain que nous avons besoin avant tout d’un théâtre qui nous réveille : nerfs et cœur. Dans la période angoissante et catastrophique où nous vivons, nous ressentons le besoin urgent d’un théâtre que les événements ne dépassent pas, dont la résonance en nous soit profonde, domine l’instabilité des temps. Pratiquement, nous voulons ressusciter une idée du spectacle total, où le théâtre saura reprendre au cinéma, au music-hall, au cirque, et à la vie même, ce qui de tout temps lui a appartenu.
Antonin Artaud